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Projet de réforme structurelle et organique du système national d'information sur les causes médicales de décès.
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Olfa SAIDI*, Said HAJEM**

Resumé

Il importe de rappeler, d'emblée, que le système tunisien d'information sur les causes médicales de décès a vu le jour à la toute fin des années 90 du siècle dernier. Ce système a été entièrement et exclusivement développé au sein de l'Institut National de Santé Publique. Il repose sur l'usage d'un modèle standard de certificat de décès, inspiré du modèle international recommandé par l'Organisation Mondiale de la Santé. Ce modèle a été, en effet, introduit en 1999 en vertu d'un décret présidentiel (Décret n°99 – 1043 du 17 mai 1999, JORT n°43 du 28 mai 1999).

Le recueil systématique des causes médicales de décès n'a, cependant, pu démarrer qu'à partir du mois de janvier 2001. Depuis cette date, notre pays dispose d'une statistique nationale des causes de décès qui est établie à partir des informations figurant sur les volets médical et administratif des certificats de décès.

Au total, cinq statistiques nationales des causes de décès ont été élaborées. Elles correspondent aux années 2001, 2003, 2006, 2009 et 2013 (cf. tableaux ci-après). Ces statistiques sont accessibles en ligne sur le site de l'Institut National de Santé Publique (www.insp.rns.tn). Le choix de cette périodicité a été dicté par la faible fluctuation, d'une année à l'autre, de la mortalité proportionnelle due aux différentes causes (ou groupes de causes) ainsi que par l'absence d'un personnel stable spécifiquement affecté à la saisie des données figurant sur les deux volets des certificats de décès.

La création de ce système a été motivée par l'importance considérable des indicateurs de mortalité par cause dont l'utilité est aujourd'hui prouvée et universellement reconnue. Une telle création s'inscrit dans le cadre des stratégies nationales visant à renforcer et à promouvoir la qualité et la validité des informations sanitaires qui occupent une place de choix dans le processus d'élaboration, d'implantation et d'évaluation des politiques de santé.

En introduisant l'usage du modèle international du certificat médical précisant la cause de décès, notre pays fait désormais partie du cercle restreint de pays où les informations sur les causes médicales de décès constituent une des bases fondamentales et incontournables de la recherche médicale, de la surveillance épidémiologique et de la rationalisation de la gestion des services sanitaires.

Les indicateurs de mortalité par cause sont conçus en vue d'aider à identifier les besoins prioritaires en matière de santé ainsi qu'à planifier et évaluer les interventions de santé publique destinées à répondre à ces besoins. Ces informations sont aussi l'indicateur le plus fréquemment utilisé dans les études visant à comparer l'état de santé des populations de différents pays.

En Tunisie et en dépit d'un taux de couverture moyen, ce système d'information fut une réussite, et ce, malgré l'absence quasi-totale de ressources humaines et financières. Cela dit, il convient cependant de souligner qu'il est désormais indispensable d'œuvrer à lui donner un second souffle afin qu'il puisse jouer pleinement son rôle en tant que système d'information dédié à la surveillance de l'état de santé de la population tunisienne. Le projet développé ici s'inscrit parfaitement dans ce processus de démarche qualité visant à garantir à ce dispositif d'information la pérennité et la poursuite de sa mission.

Ceci étant, il faudrait tout de même relativiser les choses et admettre que les problèmes inhérents aux taux de couverture ne sont pas une spécificité exclusive de notre système. Il convient, en effet, de signaler que tous les systèmes d'information opérationnels dans notre pays (maladies à déclaration obligatoire...) souffrent également des mêmes défaillances, alors même que la plupart d'entre eux bénéficient de ressources financières plus conséquentes et affichent un recul trois ou quatre fois supérieur à celui de notre système.

Auteurs

* : Ingénieur en Statistiques, Institut National de Santé Publique ** : Coordinateur de l’Unité de Recherche sur le Vieillissement et les Causes de Décès, Institut National de Santé Publique